Médias - infos : pourquoi de plus en plus de personnes se détournent de l'actualité - BBC News Afrique (2024)

De plus en plus de personnes se détournent de l'actualité, la décrivant comme déprimante, implacable et ennuyeuse, selon une étude menée dans plusieurs pays par l'Institut Reuters de l'Université d'Oxford.

Près de quatre personnes sur dix (39 %) dans le monde ont déclaré qu'elles évitaient parfois ou souvent activement les nouvelles, contre 29 % en 2017.

Les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient pourraient avoir contribué au désir des gens de se désintéresser de l'actualité, ont déclaré les auteurs du rapport.

L'évitement de l'actualité atteint aujourd'hui des niveaux record.

Au total, 94 943 adultes de 47 pays ont été interrogés par YouGov en janvier et février pour le Digital News Report de cette année.

Ce rapport est publié à un moment où des milliards de personnes dans le monde se sont rendues aux urnes pour des élections nationales et régionales.

Il révèle que les élections ont accru l'intérêt pour l'actualité dans quelques pays, dont les États-Unis.

Toutefois, la tendance générale reste résolument à la baisse, selon l'étude.

Dans le monde entier, 46 % des personnes ont déclaré être très ou extrêmement intéressées par les nouvelles - en baisse par rapport à 63 % en 2017.

Au Royaume-Uni, l'intérêt pour l'actualité a presque diminué de moitié depuis 2015.

"L'agenda des nouvelles a évidemment été particulièrement difficile ces dernières années", a déclaré à la BBC l'auteur principal du rapport, Nic Newman.

"Vous avez eu la pandémie [et] les guerres, c'est donc une réaction assez naturelle pour les gens de se détourner des nouvelles, que ce soit pour protéger leur santé mentale ou simplement pour passer à autre chose."

Selon M. Newman, les personnes qui choisissent d'éviter sélectivement les informations le font souvent parce qu'elles se sentent "impuissantes".

"Ce sont des personnes qui ont l'impression de ne pas avoir d'influence sur les événements massifs qui se produisent dans le monde", a-t-il expliqué.

Certaines personnes se sentent de plus en plus dépassées et désorientées par la quantité d'informations qui circulent, tandis que d'autres se sentent fatiguées par la politique, a ajouté M. Newman.

Selon le rapport, les femmes et les jeunes sont plus susceptibles de se sentir épuisés par la quantité d'informations qui circulent.

Dans le même temps, la confiance dans l'information reste stable à 40 %, mais elle est globalement inférieure de 4 % à ce qu'elle était au plus fort de la pandémie de coronavirus, selon l'enquête.

Au Royaume-Uni, la confiance dans les informations a légèrement augmenté cette année, à 36 %, mais elle reste inférieure d'environ 15 points de pourcentage à ce qu'elle était avant le référendum sur le Brexit en 2016.

La BBC est la marque d'information la plus digne de confiance au Royaume-Uni. Elle est suivie de Channel 4 et d'ITV.

TikTok dépasse Twitter

Le rapport révèle que l'audience des sources d'information traditionnelles telles que la télévision et la presse écrite a fortement diminué au cours de la dernière décennie, les jeunes préférant s'informer à l'aide de la presse en ligne ou par l'intermédiaire des médias sociaux.

Au Royaume-Uni, près de trois quarts des personnes (73 %) déclarent s'informer à l'aide de la presse en ligne, contre 50 % pour la télévision et seulement 14 % pour la presse écrite.

La plateforme de médias sociaux la plus importante pour les informations reste Facebook, bien qu'elle soit en déclin à long terme.

YouTube et WhatsApp restent des sources d'information importantes pour beaucoup, tandis que TikTok est en hausse et a dépassé X (anciennement Twitter) pour la première fois.

Treize pour cent des personnes utilisent l'application de partage de vidéos pour s'informer, contre 10 % pour X.

Le chiffre pour TikTok est encore plus élevé pour les 18-24 ans au niveau mondial, avec 23 %.

En lien avec ces changements, la vidéo devient une source plus importante d'informations en ligne, en particulier pour les groupes les plus jeunes.

Selon le rapport, les vidéos d'information courtes sont les plus attrayantes.

"Les consommateurs adoptent la vidéo parce qu'elle est facile à utiliser et offre un large éventail de contenus pertinents et attrayants, a observé M. Newman. Mais de nombreuses salles de rédaction classiques sont encore enracinées dans une culture basée sur le texte et peinent à adapter leur narration."

Le rapport indique que, pour les éditeurs, la baladodiffusion d'informations est un point positif.

Mais il s'agit d'une "activité minoritaire dans l'ensemble", qui attire principalement un public instruit.

Par ailleurs, le rapport fait état d'une méfiance généralisée du public à l'égard de l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) dans les reportages, en particulier pour les sujets d'actualité difficiles, la politique ou la guerre, par exemple.

"Le public est plus à l'aise avec l'utilisation de l'IA pour des tâches en coulisse telles que la transcription et la traduction, en soutien plutôt qu'en remplacement des journalistes", ajoute le rapport.